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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 23:00

 

 

 

Pigeon (n., m.) :

 

 

Volatile citadin généralement abhorré, serial fienteur amateur de tirs intempestifs sur carrosserie (de préférence la vôtre, de préférence fraîchement lavée), au roucoulement indésirable et dont la chair tendre est appréciée par certains gourmets et autres prédateurs carnassiers.

 

 

Jeune pousse d'Avocat fraîchement émoulue de l'Ecole, encore innocente comme un pauvre canasson roumain ignorant que son funeste destin était de finir en magma lasagno-parmentiesqueje me languissais, comme nombre de mes camarades sans doute, d'attirer dans mon escarcelle mes premiers clients personnels, quand soudain, miracle ! Un simple coup de fil vint dégager un horizon jusqu'alors obscurci, en me proposant une aide pour développer ma clientèle personnelle.

 


Hourra,  me direz-vous ! 

 

 

Mais qui sont-ce donc ces mystérieux bienfaiteurs télépathes ?

 

 

Mon mystérieux démarcheur leva alors le voile sur son identité : une agence promettant monts et merveilles d'attirer de nouveaux clients via la création d'un site web.   

 

 

Flairant l'arnaque, parce que - déformation professionnelle oblige - les gens trop gentils paraissent forcément suspects, je ne résistais toutefois pas à l'envie d'accepter un rendez-vous pour savoir ce que ces filous proposaient pour attirer le chaland, afin d'alerter mes petits compagnons du funeste sort mijoté par un ersatz de vampire Transylvanien pour leur extirper le moindre euro jusqu'à plus soif.

 

 

Le jour J, ne me sentant pas vraiment d'attaque pour un petit jeu de dupes à cause de l'état grippal qui m'enfiévrait depuis plusieurs jours - les choses les plus désagréables étant fatalement les plus lentes à guérir - j'hésitais à annuler ou à reporter pour satisfaire ma curiosité piquée au vif.

 

 

Rendez-vous fut finalement pris quelques jours plus tard, le temps de reprendre un peu du poil de la bête.

 

 

Pour mettre en confiance le fieffé menteur gentil démarcheur, j'endosse alors le costume de la parfaite belette néophyte du Oueb, bref le pigeon par excellence, prêt à plumer, emballez, c'est pesé !

 

 

Et le voilà en train de déclamer avec tout son coeur son discours bien rôdé, graphiques illustrant ses promesses de croissance exponentielle de clientèle à l'appui, en  usant d'une logique implacable pour me prouver par A + B que le succès serait à la clef.

 

 

Moyennant une petite rétribution of course (soit la bagatelle de 250€ par mois), mais vu le nombre de clients éblouis par cette belle vitrine numérique, c'était vraiment des clopinettes !

 

 

En bon vendeur, il répète à l'envi mon nom comme pour mieux me convaincre, à la manière de certains politiciens dont je tairais le nom qui, pour se donner une contenance / détourner l'attention le temps de dégoter un semblant de réponse / flatter l'interlocuteur (Rayez la mention inutile !), usent et abusent de cet  insupportable tic verbal.


 

Le briefing pré-harponnage de jeune avocat naïf était visiblement efficace puisqu'il paraissait bien informé sur les enjeux de la profession, en me demandant si j'avais réellement la possibilité de développer une clientèle personnelle ou si j'étais suis l'une des nombreuses victimes du "salariat déguisé", en parlant d'un air faussement compatissant de la difficulté de se faire connaître dans un grand barreau, ou encore en s'indignant du manque de déontologie de certains confrères affichant sans vergogne des honoraires low-costs sur leurs sites...

 

 

 

Faisant mine d'être sceptique quant à la probabilité de voir arriver jusqu'à moi un flot de clients potentiels, alors qu'il faudrait escompter une quinzaine de clients par an pour tirer une quelconque rentabilité de cet investissement substantiel, il poursuit sa démontration de force en googlisant quelques mots-clés pour mettre en exergue le bon référencement de ses pigeons clients actuels.

 


Pour achever de me convaincre, le bel étalon est même prêt à donner de sa personne et propose une invitation à dîner une fois passé le cap des dix premiers clients.


 

Bref, il ne lésignait pas sur les moyens pour venir à bout de mes dernières réticences !  

 


Après de très - trop - longues minutes à réprimer baîllements et sourires en l'écoutant réciter ses belles fiches plastifiées en enchaînant les poncifs, et alors qu'il s'empressait - persuadé d'avoir réalisé son objectif avec un nouveau pigeon - de dégainer un contrat qui n'attendait que d'être revêtu de  ma griffe pour venir débiter allègrement mon compte bancaire qui venait tout juste de retrouver quelques couleurs avant de subir les assauts de l'URASSAF et autres charges exorbitantes, ma montre m'indiquait que nous avions respectivement perdu suffisamment de temps et que le moment était venu de mettre un terme à ses douces illusions. Bas les masques !

 

 

 

Puisqu'il avait préalablement mené sa petite enquête sur moi, j'avais moi aussi saisi mon fidèle clavier et interrogé une amie travaillant dans ce secteur pour voir mes soupçons se confirmer et apprendre que ce système de location de sites internets avait fait de nombreux clients mécontents, engagés dans de longues et souvent vaines procédures pour tenter de se dépatouiler de ce mauvais pas.

 

 

 

L'heure est grave, prévenez Julien Courbet, Jean-Pierre Pernault, Bernard de la Villardière pour dénoncer cette arnaque  ignominieuse ! 

 

 


Point de philantropisme donc, mais un montage juridique nébuleux mais néanmoins bien ficelé qui se referme comme un piège à loup sur un innocent agneau qui risque d'y laisser quelques plumes.

 


Si un contrat est signé avec la société réalisant le site, elle n'en est généralement pas l'heureuse propriétaire, un rapide coup d'oeil aux mentions légales du site permet de découvrir qu'un suppôt de Satan établissement de crédit se cache généralement sous ce système alambiqué.

 


L'engagement est  conclu pour une durée relativement longue, (de deux à six ans, en l'espèce, un engagement de 48 mois m'a été proposé), au cours de laquelle aucune résiliation n'est possible, sauf à payer l'ensemble des sommes dues jusqu'à échéance du contrat.

 

 

 

Si l'agence web rencontre des difficultés durant cette période et met la clef sous la porte sans repreneur, la banque, invoquant l'indépendance des deux contrats, continuera les prélèvements même si le site fait des siennes.

 

 

Quant à la qualité du référencement, si certains avocats sont en effet satisfaits du retour sur investissement, cela tient principalement au fait que les domaines d'intervention choisis et les mots-clés afférents sont peu prisés au sein du Barreau, de sorte qu'ils arrivent, faute de concurrence véritable, à atteindre la première page de résultats des moteurs de recherche.

 

 

 

Cet avis s'avère toutefois beaucoup plus mitigé pour ceux qui interviennent dans des contentieux de masse tels que le droit de la famille et le droit pénal, la concurrence virtuelle y étant rude alors que le besoin de se démarquer y est le plus grand ! Les chances de remporter la timballe se réduisent donc comme peau de chagrin. CQFD !


 

 

Interrogé sur les nombreux litiges, le ton du beau parleur - ancien moniteur de ski de son état - se fit soudainement beaucoup moins enjôleur, et il  se contenta d'un laconique et cynique :

 

 

 

"ça fait partie du business ! "

 

 

 

Soit ! Mais comme le dit un proverbe québécois : " Qui risque un oeil, perd les deux ! "

 

 

 

Touché Coulé !

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 00:00
 
Laissez parler
 
Les p'tits papiers
 
A l'occasion
 
Papier chiffon
 
Puissent-ils un soir
 
Papier buvard
 
Vous consoler
  
...
 
 
 
Rassurez-vous chers camarades, je ne voue pas une admiration fanatique envers la décatie mais sémillante Régine au point de vouloir arborer des boas bigarrés en plumes d'autruche de Patagonie, ni à l'égard de la tête de chou de celui qui n'était pas encore le scandaleux Gainsbarre en brûlant la vie - à laquelle je tiens - et les billets - que je n'ai pas - par les deux bouts, même s'il est vrai que je regrette l'époque bénie du désormais funeste Noir Destin  Désir , mais c'est un autre débat!
  
 
 
Je vous présente tout d'abord toutes mes confuses, comme dirait Monsieur Preskovic à propos de son peu fameux kloug,  pour vous avoir quelque peu délaissés ces derniers temps.
  
 
 
Ce billet, dont j'avais pourtant entamé l'ébauche dès les premiers jours de l'année, ne parvenait toutefois pas à voir le jour, parce que l'art des choix douloureux et une vilaine laryngite m'avaient littéralement rabattu le caquet rendue aphone, mes maux supplantant mes mots jusqu'à les rendre inaudibles...
  
 
 
Les dernières semaines euphoriques passées à festoyer gaiement et se remplir la panse en toute insouciance en rêvant béatement à des lendemains qui chantent semblaient déjà aussi lointaines que le dernier bon film de notre Gérard plus très national Depardieu, c'est dire...
 
   
 
Sitôt les douze coups de minuit sonnés et les premières bonnes résolutions envolées, venait le temps d'une crise de foi(e) mémorable et d'un introspection post-réveillon, via quelques questions existentielles et autres réflexions capillotractées : 
 
 

- "Qui suis-je?"  

 

- "Où vais-je?"  

 

-  "Dans quel état j'erre?"

 
 
Tout juste estampillée Maître. S de mon état, me résumais-je à cela?
              
 
Cette relative réussite suffisait-elle à me combler et à faire de moi "quelqu'un de bien"?
 
  
 
Bref, un brainstorming à vous faire surchauffer des neurones encore embrumés par les douces vapeurs éthyliques dont j'avais pourtant si peu abusé... (Non, petits effrontés, je ne mens jamais,  parole d'Avocat!)

 
 
Avant que vous n'alliez à la pharmacie du coin me commander en urgence un tube de Valium, de Lexomil ou de Xanax, ou bien les 3, j'en viens enfin à ce qui me fait sortir de mon mutisme! 
 
   
 
Tout en ne sachant plus très bien qui j'étais, donc, je devais toutefois officialiser ma mue socioprofessionnelle, formaliser mon passage du statut d'étudiante désargentée à celui d'adulte-responsable-qui-va-bientôt-payer-beaucoup-trop-de-charges, et multiplier les formalités administratives rabaratives et hautement chronophages. 
    
 
Et sacrifier par là même un hectare de la forêt amazonienne que j'aspire  à voir prochainement, et qui avait déjà payé un lourd tribut, puisque la bagatelle de trois dossiers avait déjà due être remplie, à savoir :
 
 
- Un premier dossier de préinscription à la prestation de serment, à rendre au cours de l'été précédant les épreuves du CAPA, nécessitant :

* un extrait d'acte de naissance, ce qui peut s'avérer complexe à dégoter rapidement en plein période estivale si votre mairie de naissance n'est pas adepte des démarches 2.0,
   
* une copie de la carte d'identité que j'avais bien sûr entre temps égarée, et qu'il fallait donc faire renouveler illico presto!
 
 
- Un dossier d'inscription à la prestation de serment, impliquant cette fois de montrer patte blanche en produisant un certificat de nationalité, et le Bulletin n°3 du casier judiciaire - bien qu'il eût été plus judicieux de s'enquérir de nos antécédents judiciaires avant d'en arriver jusqu'ici!
    
 
Ledit dossier devait être assorti d'un douloureux chèque (200€ tout de même) au titre de mystérieux "frais de gestion", qui ne pouvaient selon moi s'expliquer que par l'utilisation de papier de soie, ou une participation aux différents cocktails engloutis et qui laissaient soudainement un souvenir amer.   
   
 
- Un dossier d'inscription au Tableau du Barreau, pour solliciter la validation du contrat de collaboration, la délivrance de la carte profesionnelle, et assorti d'un très douloureux chèque de règlement des cotisations ordinales ( soit près de 500€).
 
   
 
Ces formalités n'étaient qu'un avant goût du difficile exercice paperassesque auquel j'allais devoir me plier de mauvaise grâce pour mon plus grand bonheur, puisque les formalités restant à accomplir en ce début d'année s'entassaient joyeusement en rang d'oignons sur ma to do list  :
 
 
déclarer son début d'activité de début d'activité auprès de l'URSSAF et du centre des impôts, et s'arracher les cheveux au moment de choisir l'option fiscale, en tentant de comprendre la différence entre le régime micro BNC et la déclaration contrôlée,
 
 
- demander une exonération de charges au titre de l'aide à la création d'entreprise (ACCRE), qui permettrait, pendant un an, d'éviter des charges exorbitantes,
 
 
Tandis que tous ces formulaires soporifiques écrits dans un dialecte étrangement tarabiscoté commençaient sérieusement à me courir sur le haricot et à venir à bout de ma patience pourtant légendaire, un éclair de génie traversa soudain mon esprit machiavélique en comprenant tout l'intérêt d'avoir une soeur comptable et un beau-frère conseiller en création d'entreprise : exit la migraine à outrance, vive la sous-traitance!
   
 
- Alors que mon découvert se creusait plus vite que le forage d'un puits de gaz de schiste, au gré des élans de mon philantropisme doloriste et au grand dam de mon banquier adoré, et alors même que je doutais qu'un client soit assez  fou téméraire pour venir toquer à la porte du cabinet sur lequel j'étais désormais plaquée,  il fallait prendre mon courage à deux mains, affronter le regard désapprobateur dudit banquier et solliciter d'un air dégagé l'ouverture d'un compte professionnel ou d'un compte personnel à usage professionnel et négocier avec tout mon aplomb le montant des frais bancaires.
 
   
- Alors que toutes ces démarches avaient déjà épuisé mon faible quota de patience, il fallait encore avertir le centre des impôts que je venais d'entrer de plein pied dans le monde merveilleux du contribuable français, prévenir la CAF que je devais dire adieu à l'APL qui m'avait jusqu'alors été d'un si grand secours,  changer de mutuelle avant d'en avoir besoin....
   
    
- Dans l'espoir utopique de prendre dans mes filets quelques clients égarés, et parce qu'il est difficile pour une jeune  graine d'avocat de se faire sa place, mes derniers efforts m'ont conduite à me porter volontaire à l'aide judicictionnelle, m'inscrire aux commises et gardes à vue, faire imprimer des cartes de visite et du papier à en-tête...
 
 
 
C'est ainsi que j'attends la peur au ventre de pied ferme la visite de mon premier client inconscient personnel (à l'aide juridictionnelle bien sûr, il ne faut pas rêver non plus, mais c'est un bon début!)  en espérant être à la hauteur pour assurer sa défense devant le Tribunal correctionnel!
 
   
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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 00:15

 

 

Oyez, Oyez jeunes lecteurs égarés!


Ayant actuellement trop peu à consacrer à la mise en ligne de mes nouvelles complaintes, j'ai décidé de me reconvertir dans l'esclavagisme le néo-capitalisme et la sous-traitance 2.0 en exploitant une pauvre âme volontaire, défrayée à hauteur de zéro Kopek!


Je prête donc aujourd'hui mon clavier - et mes gentils lecteurs, à l'insu de leur plein gré comme le disait si naïvement le très positif Richard Virenque - à @Jadouz, étudiant en licence de droit, par ailleurs talentueux photographe de son état link, qui nous raconte comment il est arrivé dans cette galère merveilleuse aventure que sont les études de droit.


Pour préserver sa virilité et ne pas lui infliger l'affront de voir son post écrit en fuchsia (et non pas rose, un juriste se doit d'être précis tout de même!), le voici donc revêtu du bleu camouflant si bien l'anonyme humanoïde que je suis :  

 

 

 

Un étudiant, ça se trompe énormément.


 

 

       Alteri stipulari nemo potest - Nul ne peut stipuler en faveur d’un autre -, c’est ce que dit le droit mais rien n’interdit de bloguer en faveur d’une autre.

 


Je dois donc avant de commencer ce petit récit remercier notre chère Maitre_S de me prêter le temps de quelques lignes son espace et par là même son auditoire.

 


      Lex est quod notamus - Ce que nous écrivons fait la Loi -, oui, peut-être mais aujourd’hui ce que j’écris ce n’est pas la loi, c’est mon expérience, celle d’un étudiant en licence de droit.

 

 

Vous avez pu le remarquer, j'aime l'usage de maximes juridiques incompréhensibles.

 

 

En réalité je vous introduis mon texte comme on introduit les cours de droit de première année, une façon de faire fuir les plus fébriles d’entre nous peut-être ? J’ai en tout cas passé ce filtre et la L1 fait partie du passé. Aujourd’hui je fais du DROIT, je peux le dire mais qui l’eût cru ?!

 


Je me souviens encore lorsque, quelques poils au menton en moins, j’ai dû faire un choix pour mon avenir, c’était LE moment, ne pas se tromper. Du moins c’est ce qu’on me disait, j’étais alors seulement en 2nde et j’avais choisi le journalisme.

 

 

2nde, 1ère, Terminale, le bac, les choses se précisent et les inscriptions en études supérieures arrivent, je choisis alors le Droit, puisqu’en effet le Droit, en plus d’être composé de 80% de filles, a pour avantage d’offrir de larges perspectives professionnelles.

 

 

J’ai donc choisi cette voie mais avec loin de moi (aussi loin que l’Australie est éloignée de Paris) l’idée d’y faire carrière, je m’investirai dans les matières politiques et de droit public et aussitôt ma 2e ou 3e année effectuée je m’échapperai de là pour retrouver les tant espérés bancs de l’école de journalisme…Aaaah, en voilà un métier noble, témoin de l’information, acteur de la vie sociale, le 4epouvoir !

 

 

Mais voilà, l’étudiant est une véritable pâte à modeler et aujourd’hui les choses ont bien changé. Le reporter (journaleux pour certains) que j’étais disparaît au fil des jours à la fac et surtout au fil des rencontres.

 

 

De moins en moins attiré par l’écriture analytique je le suis de plus en plus par l’art oratoire et l’enquête.

 

 

J’échange alors mon abonnement à l’AFP contre un abonnement DALLOZ, et surtout je me renseigne, je fais des rencontres et à l’ère bien avancée du 2.0 je recherche du côté des réseaux sociaux pour voir le monde de ceux qui font la justice de presque l’intérieur, j’ai découvert le live tweet et je décide alors de suivre avocats, magistrats, et officiers de police judiciaire.

 

 

Souvenez-vous de ces livrets « l’Étudiant » qu’on vous distribuait, type "que faire après le bac?" et bien j’ai créé le mien. @Maitre_Eolas, @Maitre_S, @Maitre_Mô, @jugedadouche, @Jennicolas, @Kaptain_Cuve, @Hichmeu, et bien d’autres, en sont mes auteurs.

 

 

Je commence alors à me modeler comme de la pâte Play-Doh avec un goût prononcé pour le pénal mais voici que viens une tâche ardue : l’expliquer à mes proches.

 

 

Comment faire comprendre à des gens qui voyaient en moi un journaliste, que finalement ce qui m’anime (j’use les grands mots à défaut d’effets de manches) ce sont des articles du code pénal.

 

 

Le travail a commencé, et les réponses pour l’instant se placent sous l’angle du "mais tu as encore le temps de changer d'idée" ou "ton choix se résume à mettre en prison des pères de famille ou protéger les pires bourreaux sur un vice de procédure". Heureusement, on trouve toujours, parmi ses proches, des oreilles à l’écoute qui ont pris l’option optimisme et soutien en illimité pour affronter ce nouveau défi.

 

 

Gardez en tête que c’est par la réalisation de vos envies que vous vivrez au mieux votre vie, gardez en tête que c’est la satisfaction personnelle qui nous tire les plus beaux sourires et surtout, gardez en tête que rien n’est acquis, rien n’est figé mais tout est faisable.

 

 

Face à un défi je vous conseillerai toujours de dire « oui », contrairement au « non » le « oui », lui, n’a pas besoin de s’accompagner d’excuses.

 

 

En attendant, le second semestre vient juste d’être lancé et la pâte à modeler commence à sérieusement durcir, et souvenez vous de votre enfance, une pâte à modeler dure ne se transforme plus si facilement.


@Jadouz

 

 

 

Si d'autres gentils lecteurs se sentent l'âme d'un apprenti pigiste, n'hésitez pas!

 

 


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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 00:00

 

 

L'idée de ce blog a germé dans mon cerveau apathique par une douce journée d'hiver, il y a près de deux ans, très exactement le 11 mars 2011 - tristement célèbre pour avoir vu le cataclysme nippon - afin de partager une expérience relativement méconnue, puisqu'autant d'informations filtrent sur l'après-CRFPA que sur la recette originale du  Nutella®, c'est-à-dire très (trop?) peu!

 


Fraîchement émoulus de nos facultés adorées dont nous avions usés les bancs (et les enseignants!) des années durant, et encore tous pétris d'espoirs, d'ailleurs jamais douchés par les hautes sphères IEJiennes, nous croyions naïvement que ces cinq lettres seraient comme le Saint-Graal après un enfer pavé de Codes Civils, l'Anneau si Précieux aux yeux globuleux du Gollum de Tolkien, bref l'apothéose d'une vie étudiante semée d'embûches, la fin des ennuis et le début de la "vraie vie"! 

 

 

Nous allions bien vite déchanter et apprendre à nos dépens que cela n'était en réalité que le commencement de deux nouvelles longues années qui n'auraient rien de la formalité si souvent prédite, avant la fin, enfin!

 

 

Nous faisions ainsi un retour vers le futur un lointain passé, qui allait s'avérer pour le moins désagréable, puisque le doux-dingue Doc tenait dans notre histoire davantage du vilain Père Fouettard, et que notre infantilisation était poussée à son paroxysme.


 

Pour ne pas effrayer les jeunes générations, j'ai passé sous silence certains détails peu reluisants comme :


- le pointage à tous les (inter)cours, avec vérification de la concordance des signatures pour dissuader les apprentis faussaires,

 

- les cours d'expression orale - qui auraient pu être une bonne idée s'il ne s'était pas en réalité agi de :


* lecture de journaux à voix haute, notamment la rubrique chiens écrasés faits divers,


* rabâchage de virelangues tels que "les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches?...", "un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur..."  ou encore "six sachets de sushi cachés sous le sofa de Sissi et Sacha" et autres joyeuses expressions à caser pour briller en soirée (N'essayez pas, je vous vois!),


imitation plus vraie que nature de chien et autres bêtes de tout poil, 


* ou encore faire des sauts frénétiques de cabris sous Guronzan, courir comme des dératés avant de s'arrêter comme au bon vieux temps d'1..., 2..., 3..., Soleil!,


 * se renvoyer des ballons imaginaires comme des forcenés évadés derrière lesquels courent des hommes en blanc armés de grands filets à papillons...

 


Et notre sympathique intervenant, qui tenait davantage du GO du Club Med que d'un Maître ès plaidoirie, de nous assurer que ces exercices pourraient nous aider à calmer notre stress avant d'entrer dans l'arène le prétoire!


Imaginez donc la tête des Confrères, et surtout des clients! Crédibilité assurée!

 


Je vous ai aussi fait grâce des cours de français, au cours desquels une enseignante manifestement habituée à des  publics (beaucoup) plus jeunes puisqu'adepte de la "récréation", déclamait les yeux mouillés et la voix vibrante d'antiques textes contant les aventures d'Euclide et Héraclide, aussi soporifiques palpitantes et passionnantes qu'un épisode de Derrick après le traditionnel repas dominical.

 


Notre dignité s'était définitivement réfugiée au fond des chaussettes lorsque nous fut infligée l'humiliation suprême une dictée, qui nous ramenait, telle une madeleine de Proust au goût très amer, au temps des maîtresses acariâtres et des tableaux noirs blanchis de craie.

 

 

Nous étions ainsi amputés du titre chéri auquel nous prétendions (-avocat), pour être ramenés au rang de simples élèves, comme lorsqu'enfants nous subissions, tremblants derrière nos bureaux en bois, l'estomac noué par la peur de ramener une mauvaise note au bercail,  cette épreuve tant redoutée de la dictée.


 

Il ne s'agissait dès lors pas d'élargir son vocubulaire juridique mais de réviser ses classiques et de connaître l'orthographe des abat-jour(s) et du Théorème de Pythagore, sait-on jamais, ça pourrait être utile... ou pas!

 

 

 Je vous ai déjà conté les autres désagréments de ces deux longues années d'entre-deux, au cours desquels on touche enfin le rêve du bout des cuticules sans y accéder encore vraiment, bref, point de radotage annonciateur d'une sénilité précoce, rassurez-vous!  

 

 

Ma mauvaise foi et mon goût prononcé pour les lamentations m'ont également empêchée de vous dire que, malgré tout, ces deux années à l'école des avocats ont eu quelques bons côtés, le cocktail de rentrée, les plaidoiries, les cours sur les honoraires et la déontologie, et surtout les stages (puisque nous n'étions plus à l'école!) et les cocktails de sortie dont je vous ai vanté les mérites dernièrement!


 

Ce modeste espace virtuel a donc été créé pour raconter ces quelques mois peu communs, sans manquer (je l'espère!) de respect envers mes compagnons de galère, et dans l'espoir, peut-être utopique, d'aiguiller quelques jeunes pousses égarées!

 

 

L'anonymat a cela de confortable qu'il permet de se raconter plus librement, tout en taisant les détails susceptibles d'être reconnus par un camarade ou un maître de stage  et de mettre ainsi en péril sa couverture de survie.


 

J'ai récemment choisi, pour diverses raisons, de lever un bout de la robe en renonçant à l'hermaphrodisme numérique, davantage protecteur, jusqu'alors adopté.

 

 

Mais il est vrai que les facultés de droit et la profession d'avocat étant aujourd'hui largement féminisées, cet indice n'était pas crucial, d'autant que la palette graphique de ce blog était assez révélatrice de mon identité chromosomique.


 

Et que dire du très subtil jeu de mots suggéré par mon pseudo, qui n'était pas des plus sibyllins!

 

 

N'y voyez d'ailleurs aucune allusion grivoise à ma vie sentimentale, petites canailles, ni un féminisme exacerbé, mais un simple clin d'oeil à la masculinité dont est empreint ce titre.

 

 

Mais voilà qu'aujourd'hui mon schtroumpfnonymat semble menacé, diantre!

 

 

Un simple lien posté sur la page FB de l'école me fait craindre que l'on découvre, parce que la curiosité est humaine, qui se cache derrière ce seyant camouflage azur par quelques recoupements, et que mon nom soit jeté en pâture sur la place publique.

 

 

Non pas que je doive (enfin il me semble) avoir honte de ces monologues virtuels, mais je ne souhaite toutefois pas en tirer une quelconque publicité, qu'elle soit bonne ou mauvaise.


 

Merci par avance à celles et ceux qui auraient percé à jour mon anonymat, de me permettre de le conserver!

 

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 17:30

 

Un mois après la délivrance officielle, venait le temps de la solennité, pour sonner définitivement le glas de ces très longues années d'acharnement estudiantin.

 

Une folle semaine s'annonçait, au cours de laquelle allaient s'enchaîner pas moins de cinq soirées pour le moins arrosées, et la remise des diplômes marquait le début des hostilités. 

 

Les impétrants ne pouvant pas être accompagnés lors de la prestation de serment pour des raisons obscures et injustes logistiques, les familles (à raison, officiellement, de deux convives par personne) étaient invitées à assister à la remise du dernier d'une désormais longue ribambelle de diplômes de leur rejeton adoré, et arborant fièrment la robe s'il vous plaît!

 

Après les discours empreints de solennité, le powerpoint retraçant les joyeuses activités organisées par l'association des élèves-avocats (oenologie, pétanque...) avait quelque peu détendu l'atmosphère... 

 

Après l'interminable égrenage des noms de mes nombreux camarades - et désormais confrères -  me précédant dans l'alphabet, mon tour était enfin venu de monter sur l'estrade, accompagné de son lot de questions existentielles terre-à-terre :

 

- Faire la bise au malchanceux désigné pour remettre les diplômes ou lui serrer simplement la main? 

 

- Avant ou après avoir pris la pose d'un air faussement dégagé accompagné d'un sourire crispé face à l'objectif frénétique du joyeux photographe choisi pour immortaliser l'évènement?

 

Mon principal objectif était toutefois nettement plus futile : ne pas me prendre les pieds dans le tapis la robe en arpentant les escaliers, juchée sur mes hauts talons, histoire d'éviter que 700 personnes hilares n'immortalisent cette pirouette humiliante, ce qui ne manquerait toutefois pas de marquer une entrée remarquée au Barreau! 

 

 

Après la remise officielle du précieux sésame, il était temps de se faire tirer le portrait pendant de longues minutes par les familles aux aguets pour mitrailler la scène, en affichant toujours le même sourire béat, les zygomatiques, au bord du claquage, criant grâce...

 

Après que tout ce petit monde ait englouti le buffet pléthorique à vitesse grand V - parce que les émotions ça creuse - chacun regagnait ses pénates pour finir cette belle soirée dans un cadre plus intimiste.

 

Quelques jours plus tard, Monsieur le Bâtonnier nous avait conviés à une soirée d'accueil au Musée des Beaux Arts, précédée d'une visite de l'exposition "Soulages XXIème siècle".

 

J'ignore si mes neurones en manque de repos ou la faim et la soif qui me tiraillaient l'esprit et l'estomac y étaient pour quelque chose, mais je dois vous avouer que je suis restée pour le moins hermétique au message délivré par tous ces grands tableaux dont la couleur, intégralement noire, s'accordait pourtant à merveille avec la  nouvelle pièce maîtresse de ma garde-robe.

 

Quelques cocktails et dizaines de verres plus tard, et après une énième nuit écourtée, LE moment tant attendu était enfin arrivé : la prestation de serment, 1er jour du reste de notre vie, top départ des 45 prochaines années !

  

Rendez-vous étant pris à 8 heures à la Cour d'appel, autant vous dire que la marmotte qui sommeille en moi, à laquelle le sommeil faisait déjà cruellement défaut, a été pour le moins contrariée de devoir se lever en plein milieu de la nuit. Mais l'impatience et l'excitation étaient telles qu'un demi-tube de somnifères n'aurait peut-être pas suffi à me faire sombrer dans les bras de Morphée.

  

Sitôt entrés, nous étions soumis à une véritable discipline militaire.

  

 Des ordres à faire trembler les murs fusaient et résonnaient dans la salle des pas perdus fraîchement restaurée, à peine baignée par la lumière blafarde du soleil levant :

- "Mettez-vos robes!",

- "Asseyez-vous dans l'ordre alphabétique!",

- "Mettez vos gants!",

- "Arrêtez de parler!",

- "Ne vous retournez pas!",

- "Tenez vous droits!"...

 

Le ton avait déjà été donné quelques jours plus tôt, ce qui aurait dû nous alerter:



Les jeunes femmes furent interdites de talons aiguilles pour ne pas abîmer les nouveaux parquets (consigne qui ne fut d'ailleurs pas vraiment respectée!).

  

 A notre plus grand regret, fut également proscrit l'arrachage des soieries, dont nous avions bien évidemment prévu d'emporter une relique dans notre home sweet home pour l'encadrer et la faire fièrement trôner en dessous du portrait de mariage de grand-maman, bande de petits sauvages que nous étions! 

 

Une main de velours fer dans un gant de fer s'occupait doncde transformer les jeunes pousses récalcitrantes que nous étions encore en Maîtres dignes de ce nom, dégageant ici des cheveux trop envahissants,  réajustant là un rabat aussi farceur que la cravate de François Hollande.



Nous découvrions, mi-amusés, mi-inquiets, que la prestation de serment était un exercice aussi millimétré que la parade cathodique des dindes de Noël le défilé des candidates au titre de Miss France :

- lever l'avant-bras droit (et non le bras entier) déganté,

- mais pas trop haut pour ne pas sortir du cadre de la photo,

- ni trop oblique pour ne pas imiter le salut hitlérien,

- le tout en gardant les doigts bien serrés,

- et en n'oubliant bien sûr pas de déclamer de manière claire, intelligible, avec toute la conviction du monde la fameuse formule magique,

- ni de garder sourire et décontraction pour la vidéo censée immortaliser l'évènement et que toute la famille ne manquerait pas de visionner, pour notre plus grand malheur.



Une fois la répétition achevée, et les premières frayeurs passées pour les quelques impétrants ayant testé bien malgré eux le potentiel glissant des sols flambants neufs, la cérémonie pouvait enfin commencer!

 

Après les réquisitions de l'avocat général, recommença la lente énumération des noms des nouvelles robes noires.

 

Le stress eût raison de la concentration de certains, qui se sont quelque peu emmêlé les pinceaux malgré l'antisèche prévue pour éviter les bafouilles.

 

Les yeux de ceux qui avaient pris la sage précaution de la lire les trahissaient, tant pis pour la vidéo, l'honneur était sauf!

 

D'autres prononcaient les mots avec une telle conviction que cela ressemblait davantage à une plaidoirie d'assises, ce qui eut le mérite de nous arracher quelques sourires malgré le trouillomètre à zéro et le palpitant bondissant.

 

Un malheureux camarade a quant à lui dû vivre l'un des moments les plus longs de sa vie lorsque, s'apercevant au milieu du serment qu'il avait oublié de lever la main, l'a fait surgir brusquement d'une manière peu naturelle, et en a oublié l'humanité avec laquelle l'avocat doit exercer ses fonctions. Pas sûr qu'il regarde la vidéo en famille malheureusement. 

 

Après avoir vu défiler une centaine de compères, les mots commençaient à s'emmêler dans ma tête, malgré mes efforts pour répéter en mon for intérieur l'acronyme censé me rappeler la formule magique : DCIPH, DCIPH...

 

Vint enfin mon tour de m'avancer sous les ors de la salle d'audience de la Cour d'assises, d'avancer vers la barre devant laquelle se joue habituellement des destins tragiques, de lever la main en me remémorant les consignes aboyées données quelques heures plus tôt, et de commencer à articuler les premiers mots de ce qui était devenu mon mantra ces derniers jours :

 

"Je jure, comme Avocat, d'exercer mes fonctions avec dignité, conscience..." 

 

Et soudain le trou noir intersidéral, un de ces moments de solitude qui semblent durer une éternité, mais qui n'en fut rien d'après mes camarades (davantage peut-être pour me rassurer que par sincérité, il me faudra attendre le verdict du DVD!).

 

Après ce micro-blanc, j'ai pu retrouver mes esprits, terminer ma tirade et sauver de justesse ma dignité tombée au fond des escarpins :

 

"...indépendance, probité, et humanité." OUF! 

 

Après une nouvelle rafale de photos, sous la pluie histoire de baptiser la robe, c'en était donc définitivement fini du statut "étudiant" qui me collait à la peau depuis toutes ces années.

 

Adieu nuits blanches et vacances sacrifiées pour réviser, au revoir mes deux bibliothèques Ikéa adorées croulant sous les classeurs, finies les soirées arrosées du jeudi soir jusqu'au petit matin (quoi qu'en fait non!).

 

Cette vie étudiante était somme toute confortable, non pas au sens matériel du terme bien entendu, comme en témoigne le solde de mon compte en banque qui affiche fièrement deux chiffres et pas les plus dodus, mais :

 

- parce que j'ai aujourd'hui une impression de vide vertigineux avant de sauter dans l'inconnu,

- parce que le syndrome de l'usurpateur dont je souffre depuis toujours ne semble pas prêt de me lâcher de sitôt,

- parce que j'étais jusqu'alors la seule personne susceptible d'être déçue en cas d'échec, mes parents ayant dès l'entrée en fac émis les plus grandes réserves quant à mes chances de réussite (parents qui étaient tout de même fiers comme des paons lors de la remise du CAPA!).

 

Il s'agira désormais d'être à la hauteur de ma nouvelle robe, ce qui ne sera assurément pas une mince affaire!

 

Hauts les coeurs!

 

 

 

Je vous souhaite à tous une belle année 2013, qu'elle voie tous vos projets se réaliser !

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 00:00

 

"Les avocats portent des robes pour mentir aussi bien que les femmes", dixit feu M. Sacha Guitry, auteur (pseudo) misogyne.

 

 

Trêve de galéjades, pourquoi les Avocats doivent-ils porter un tel accoutrement, sans lequel ils ne pourraient pas faire d'effets de manche?

 

 

Si la profession d'Avocat trouve son origine historique dans la fonction cléricale, la soutane a rapidement été remplacée par la célèbre robe noire. Puis le costume professionnel a peu à peu évolué, le port de la toque, sorte de bonnet de marin noir, est fort heureusement tombé en désuétude, et les gants blancs ne sont quant à eux portés que lors de la Prestation de Serment.

 

Pour le reste, la structure de la Robe, dont le port est imposé par l'article 3 de la loi du 31 décembre 1971, s'avère assez complexe, comme en atteste ce schéma de l'illustre Me Eolas link :

 

  

 

robe avocat eolas

 

 

 

La Robe se compose donc:


- d'une traîne repliée vers l'intérieur, et maintenue par des suspentes ; le non moins illustre Me Mô a pu attester du fait que ce système de parachute inversé rendait l'exercice de la plaidoirie particulièrement périlleux! link

 

- d'un rabat blanc au niveau du col,  généralement rebaptisé "jabot" ou même "bavoir" par les profanes,

 

- de très larges manches, ornées de non moins larges revers, en satin ou en soie,


- auxquels s'ajoute une épitoge, sorte d'écharpe accrochée au niveau de l'épaule gauche, divisée en deux parties asymétriques aux extrémités desquelles se trouvent un animal mort de l'hermine (souvent remplacée par de la fourrure synthétique, ou de lapin, angora, vison...).


A noter que les avocats parisiens portent une épitoge "veuve", sans fourrure, pour des raisons historiques, détail que la plupart des séries télévisées ou téléfilms semblent d'ailleurs ignorer.


Par ailleurs, les docteurs en droit peuvent porter trois rangs d'hermines, ce qui leur vaut parfois d'être espièglement appelés "Addidas" par leurs confrères!

 

 

La première robe que j'ai eu l'occasion de revêtir pour plaider m'avait donné la sensation d'un costume bien trop grand pour mes jeunes épaules, et la peur de ne pas être à la hauteur de la confiance qui m'était faite; j'avais paradoxalement ressenti une certaine protection, en entrant dans la peau du personnage, puisque le public ne pouvait plus me distinguer en moi le jeune Padawan parmi mes autres futurs confrères.

 

 

Dès le lendemain des résultats du CAPA, l'esprit encore embrumé après une soirée particulièrement arrosée et une nuit bien trop courte, le moment était déjà venu de faire ce que la superstition m'avait jusqu'alors empêchée de faire : commander LA Robe !

 

 

Et ainsi me retrouvais-je, moins de 24H après que l'horizon de mon avenir ne se soit enfin éclairci, à parler chiffons, laine mérinos ou d'alpaga et doublure intérieuretout en revêtant plusieurs modèles sans pouvoir répondre au costumier désireux de savoir si je sentais la différence de grammage et de légèreté desdites robes.

 

 

Cet essayage virait au surréaliste lorsque l'on prenait mes mesures - car oui, contrairement à toute vraisemblance les robes d'avocats sont réalisées sur mesure, alors que l'on pourrait aisément y héberger des triplés fugitifs.

 

 

Alors que je tentais de résoudre un dilemme cornélien après l'autre (robe en laine ou en microfibre infroissable / boutons classiques, recouverts ou aimantés / avoir ou non la fourrure d'un pauvre animal mort au bout de l'épitoge / rabat classique ou fantaisiste...), une seule question obnubilait mon esprit :

 


Comment diable allais-je pouvoir la payer, cette Robe que je désirais ardemment depuis si longtemps, alors que je ne gagnais toujours pas ma vie!

 

 

Et d'envier mes camarades apprentis greffiers ou magistrats, auxquels est versée une indemnité permettant d'en couvrir peu ou prou le prix exorbitant.

 

 

Ces robes valent en effet leur pesant de cacahuètes puisque les plus "accessibles" coûtent tout de même les yeux de la tête près de 400€, jusqu'à plus de 1.000€ pour les plus sophistiquées!

 

 

C'est ainsi que j'ai dû me résoudre à sacrifier la moitié de mon compte en banque déjà bien maigrelet, en me répétant intérieurement qu'il s'agissait d'un investissement, tout en espérant que mon banquier partagerait mon point de vue! 

 

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 00:00

 

 

Mes pauvres neurones ayant enfin décompressé après des semaines de dur labeur et deux semaines de festivités intenses pour célébrer ma vie sociale retrouvée, j'ai réalisé que j'avais omis de vous parler des rapports de stage, diantre!

 

 

Au diable la chronologie, puisque vous connaissez déjà l'issue des épreuves du CAPA en ce qui concerne l'humble hôte de ces lieux, je vais tout de même de ce pas réparer cet impair , petits veinards!



Alors que les stages PPI et cabinet se déroulaient dans une douce insouciance et la joie de mettre enfin en pratique nos maigres connaissances, la dure réalité s'était vite rappelée à notre bon souvenir dès les prémices de l'été : le CAPA approchait à grands pas, et avec lui, la première difficulté : la rédaction des rapports de stage.


 

Si cette tâche semblait n'être, de prime abord, qu'une formalité, elle s'était avérée plus fastidieuse que prévu, surtout lorsque l'on s'y prend, comme moi, au dernier moment.

 

 

Pour favoriser notre inspiration littéraire, des consignes extrêmement strictes avaient été émises, concernant:

 

- le nombre de pages (20 pour le PPI, 30 pour le stage en cabinet),


- la taille de la police utilisée (11 minimum, 12 maximum),


- la strucuture du rapport : choix du stage (ce qui peut se traduire par : "j'ai choisi ceux qui ont bien voulu accepter ma présence") /présentation de la structure/missions juridiques/bilan, une partie du rapport cabinet devant par ailleurs être consacrée à un dossier traité et posant des questions juridiques intéressantes).

 

 

En outre, l'Ecole avait eu la bonne idée de nous faire part des remarques émises par les jurés de la précédente promotion , et le verdict était sans appel : rapports "trop longs", "sans intérêt", voire "complètement soporifiques". Très encourageant n'est-il pas?

 

 

Le but était donc de mettre en exergue les enseignements tirés vis-à-vis de l'exercice futur de la profession d'Avocat tout en évitant de lasser voire de contrarier le rapporteur du jury qui, seul, aura lu votre rapport parmi des dizaines d'autres tout aussi inintéressants.

 

 

Après avoir terminé la rédation in extremis, restait l'épreuve de la soutenance desdits rapports.

 

 

Ce qui,  là encore, n'aurait dû être qu'une simple formalité allait s'avérer pour le moins corsé au regard des critiques acides ou saugrenues essuyées par les premiers candidats envoyés au front :


- "vous avez fait un stage à l'étranger parce que vous vouliez partir en vacances?",


- "vous avez fait des stages en administration (SPIP, PJJ...) pour inspecter les services?",

 

- "Le pénal au Barreau de New-York, c'est comme à la télé?" (sic!)


 - rapport considéré comme une "insulte au jury",

 

- jury qui "n'aime pas du tout la manière dont vous rédigez", qui se demande "comment le maître de stage a pu valider quelque chose d'aussi mauvais", ou qui suspecte le malheureux candidat de n'avoir fait qu'un copié-collé du rapport de stage du Master II fait en PPI, 


 

- et pour conclure l'oral sur une note positive : "eh bien, j'espère pour vous que ça passera..."

 

 

Gloups! "Mais pourquoi sont-ils aussi méchants?"


 

Le message est clair : c'est "la seule épreuve sur laquelle le jury peut vous attaquer sur votre personnalité." Dont acte!

 

 

Pour ma part, le jury s'est montré étonnament intéressé malgré l'heure tardive, le rapporteur ayant manifestement lu le rapport avec attention, et l'oral a donné lieu à des échanges intéressants, ouf!

 

 

Note aux futurs valeureux candidats : ne négligez donc pas cette épreuve qui peut vous rapporter de précieux points dans la quête du Graal.

 

 

Aux rapports camarades!

 

 

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 00:00

 

 

Après avoir passé un dernier oral la veille des résultats du CAPA, histoire de mettre mon pauvre palpitant à l'épreuve jusqu'au bout,

 

 

et après une énième nuit sans sommeil, de sorte que j'avais désormais des yeux de hibou grand duc ou de lapin atteint de myxomatose,

 

 

il était grand temps, après ces huit longues années, que le couperet tombe et que je sache enfin de quoi mon avenir serait fait! 

 

 

Tous les élèves-avocats, massés devant l'école, et au comble du stress, étaient au bord de la syncope dans l'attente de l'affichage des résultats.

 

 

Les minutes défilaient, l'heure annoncée était déjà largement dépassée lorsque soudain, tel le top départ d'un marathon, une foule compacte a rapidement envahi le hall.

 

 

Tandis que l'heure de la libération avait déjà sonné pour les premiers, je me trouvais encore à plusieurs mètres du panneau d'affichage.

 

 

La progression était aussi lente que lors d'un parcours du combattant et, je trépignais d'impatience alors que le résultat tant attendu était là, à un mètre à peine, mon nom se trouvant par malchance dans la dernière partie de l'alphabet.

 

 

La confraternité m'empêchant de pousser tout le monde, il fallait donc patienter, encore!

 

 

Une fois l'objectif atteint, encore fallait-il déchiffrer les résultats, les lignes s'entremêlaient devant mes yeux, de sorte que je n'arrivais pas à savoir si je devais ou non subir la terrible épreuve des "épreuves supplméntaires".

 

 

C'est avec cette chanson des Doors que j'ai la joie de vous annoncer que, depuis une semaine déjà, mes études sont ENFIN terminées : le petit Padawan est désormais Maître de son destin!!

 

 

 

avocat-copie-1.JPG

 

 

Toutes mes pensées vont à ceux pour lesquels, c'est certain, l'heureuse nouvelle n'a été que momentanément différée!

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 00:00

 

 N'ai-je pas déjà entendu cette phrase mille fois? et combien de fois l'entendrai-je encore?

 

A peine l'université vous a-t-elle délivré la première carte étudiante d'une longue série, que des membres de votre famille, des amis, ou même de vagues connaissances qui ne vous témoignaient jusqu'alors qu'un intérêt modéré, vous assaillent de demandes de consultations juridiques, en prononçant, au détour d'une conversation qui se veut banale mais qui a généralement la subtilité d'un éléphant, cette fameuse formule magique :

 

   "Au fait, toi qui fais du droit..."

 

Et, alors même que vous n'êtes qu'un(e) petit(e) juriste généraliste, vous voilà propulsé(e) Expert ès Droit,  sommé(e) de répondre à votre inquisiteur, et correctement s'il vous plaît, peu importe que vous n'ayez aucune compétence dans le domaine de spécialité concerné.

 

Si les demandes concernent souvent des sujets classiques, tels que la contestation de PV, des difficultés en matière de droit du travail ou de bail, et pour lesquels vous êtes en mesure de fournir une réponse digne de ce nom, ce 'est pas toujours le cas.

 

A la manière de certains journalistes interrogeant un artiste pour lui demander son analyse de la crise politico-industrialo-financière actuelle en espérant sérieusement obtenir une réponse, certains vous imaginent capable de répondre à des questions telles que :

 

- peut-on contester une expropriation pour  cause d'utilité publique liée à la protection d'un captage d'eau potable?

 

- quelles sont les normes d'isolation phonique et thermique à respecter lors de la construction d'une maison?

 

- peut-on contester la mise à la retraite d'office d'un fonctionnaire?



- peut-on contestater l'implantation d'éoliennes? (Maman, si tu me lis...!)

  

Dernier épisode en date, vendredi dernier : alors que je me rendais à un anodin rendez-vous chez ma coiffeuse, à peine avais-je la tête dans le bac à shampoing ( au point que je n'avais pas encore eu le temps d'avoir mal aux cervicales, c'est dire! ), que mes pauvres neurones, venus pour se déstresser en cette période d'examens, étaient agressés par un problème d'échafaudage et de travaux suspendus par la mairie.

 

Que faire sinon attendre que mes cheveux aient la vie sauve avant de lui dire que je n'en avais cure que je n'étais pas en mesure de lui répondre...



Certes, si un bon juriste ne doit pas tout savoir, mais savoir où chercher, il ne pratique généralement pas la cartomancie ou la lecture de boule de cristal pour avoir réponse à tout!

 

Comme le disait très justement une collaboratrice du cabinet* :

"quand tu as mal au dos, tu ne vas pas voir un gynéco!"

 

CQFD!

 

 

 

 

  *Si elle me lit, je suis disposé(e) à lui reverser des droits d'auteur! :)

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 00:00

 

 

 

Dans la perspective des épreuves du CAPA, l'élève-avocat n'a plus qu'un nom à la bouche, "Damien"!

 

 

Il ne s'agit bien sûr pas du nom d'une nouvelle conquête, mais de l'auteur de référence dans un domaine jusqu'alors nébuleux voire totalement inconnu, mais qui lui causera bientôt bien des tourments: la "déontologie".

 

 

Contrairement à ce que semble penser le commun des mortels, les avocats ne sont pas tous des êtres amoraux, avides d'argent, prêts à défendre le plus infâme criminel sans le moindre scrupule pourvu que ses honoraires exhorbitants soient réglés en temps et heure!

 

 

Bien au contraire, des règles relativement strictes encadrent le secret professionnel, la confidentialité des correspondances, la publicité..., et l'attitude générale des avocats jusque dans leur vie privée, à tel point qu'il semble parfois que cette profession n'ait de "libérale" que le nom!

 

On dénombre ainsi pas moins de 16 principes essentiels régissant l'exercice de cette profession:


- dignité,deonto.jpg

- conscience,

- indépendance,

- probité,

- humanité,

- compétence,

- diligence,

- prudence,

- délicatesse,

- confraternité,

- loyauté,

- honneur,

- dévouement,

- désintéressement,

- modération, 

- courtoisie.


 

C'est sans doute la raison pour laquelle la lecture de ce charmant ouvrage, qui vaut d'ailleurs son pesant de cacahuètes (plus de 75€), semble aussi longue que celle de La République de Platon (800 pages!).

 

 

La déontologie conduit à répondre à des questions pour le moins surprenantes :

 


- que faire si votre client menace de faire la peau au juge d'instruction ou vous informe qu'il a posé une bombe dont l'explosion est imminente?

 


- vos honoraires peuvent-ils être réglés avec une liasse de gros billets alors que votre client est interdit bancaire? votre réponse est-elle différente s'il est accompagné de deux sosies de Barracuda de l'Agence tous risques?

 


- que faire si votre client oublie un sac plein de drogue dans votre cabinet?

 


- pouvez vous accepter un paiement en nature? (Aux esprits mal tournés taquins, il ne s'agit bien sûr pas de faveurs charnelles mais d'un paiement sous forme de divers cadeaux : bouteilles de champagne Moët et Chandon, cure de thalasso...) 

 


- pouvez-vous chanter lors d'un concert, jouer dans un film d'Olivier Marchal, écrire un roman...?


 

Après avoir eu des palpitations cardiaques en consultant les sujets de la veille, il ne restait plus qu'à prier Sainte-Rita, la sainte-patronne des causes perdues!

 

 

Ma bonne étoile m'a permis de tomber sur un sujet relativement attendu et un jury étonnamment bienveillant, alors que certains camarades ont été plus mal lotis puisqu'interrogés sur les frais irrépétibles en matière administrative ou sur l'avocat mandataire en transactions immobilières, sur lequel même le Damien est muet!



Au Suivant !

 

 


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