L'idée de ce blog a germé dans mon cerveau apathique par une douce journée d'hiver, il y a près de deux ans, très exactement le 11 mars 2011 - tristement célèbre pour avoir vu le cataclysme nippon - afin de partager une expérience relativement méconnue, puisqu'autant d'informations filtrent sur l'après-CRFPA que sur la recette originale du Nutella®, c'est-à-dire très (trop?) peu!
Fraîchement émoulus de nos facultés adorées dont nous avions usés les bancs (et les enseignants!) des années durant, et encore tous pétris d'espoirs, d'ailleurs jamais douchés par les hautes sphères IEJiennes, nous croyions naïvement que ces cinq lettres seraient comme le Saint-Graal après un enfer pavé de Codes Civils, l'Anneau si Précieux aux yeux globuleux du Gollum de Tolkien, bref l'apothéose d'une vie étudiante semée d'embûches, la fin des ennuis et le début de la "vraie vie"!
Nous allions bien vite déchanter et apprendre à nos dépens que cela n'était en réalité que le commencement de deux nouvelles longues années qui n'auraient rien de la formalité si souvent prédite, avant la fin, enfin!
Nous faisions ainsi un retour vers le futur un lointain passé, qui allait s'avérer pour le moins désagréable, puisque le doux-dingue Doc tenait dans notre histoire davantage du vilain Père Fouettard, et que notre infantilisation était poussée à son paroxysme.
Pour ne pas effrayer les jeunes générations, j'ai passé sous silence certains détails peu reluisants comme :
- le pointage à tous les (inter)cours, avec vérification de la concordance des signatures pour dissuader les apprentis faussaires,
- les cours d'expression orale - qui auraient pu être une bonne idée s'il ne s'était pas en réalité agi de :
* lecture de journaux à voix haute, notamment la rubrique chiens écrasés faits divers,
* rabâchage de virelangues tels que "les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches?...", "un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur..." ou encore "six sachets de sushi cachés sous le sofa de Sissi et Sacha" et autres joyeuses expressions à caser pour briller en soirée (N'essayez pas, je vous vois!),
* imitation plus vraie que nature de chien et autres bêtes de tout poil,
* ou encore faire des sauts frénétiques de cabris sous Guronzan, courir comme des dératés avant de s'arrêter comme au bon vieux temps d'1..., 2..., 3..., Soleil!,
* se renvoyer des ballons imaginaires comme des forcenés évadés derrière lesquels courent des hommes en blanc armés de grands filets à papillons...
Et notre sympathique intervenant, qui tenait davantage du GO du Club Med que d'un Maître ès plaidoirie, de nous assurer que ces exercices pourraient nous aider à calmer notre stress avant d'entrer dans l'arène le prétoire!
Imaginez donc la tête des Confrères, et surtout des clients! Crédibilité assurée!
Je vous ai aussi fait grâce des cours de français, au cours desquels une enseignante manifestement habituée à des publics (beaucoup) plus jeunes puisqu'adepte de la "récréation", déclamait les yeux mouillés et la voix vibrante d'antiques textes contant les aventures d'Euclide et Héraclide, aussi soporifiques palpitantes et passionnantes qu'un épisode de Derrick après le traditionnel repas dominical.
Notre dignité s'était définitivement réfugiée au fond des chaussettes lorsque nous fut infligée l'humiliation suprême une dictée, qui nous ramenait, telle une madeleine de Proust au goût très amer, au temps des maîtresses acariâtres et des tableaux noirs blanchis de craie.
Nous étions ainsi amputés du titre chéri auquel nous prétendions (-avocat), pour être ramenés au rang de simples élèves, comme lorsqu'enfants nous subissions, tremblants derrière nos bureaux en bois, l'estomac noué par la peur de ramener une mauvaise note au bercail, cette épreuve tant redoutée de la dictée.
Il ne s'agissait dès lors pas d'élargir son vocubulaire juridique mais de réviser ses classiques et de connaître l'orthographe des abat-jour(s) et du Théorème de Pythagore, sait-on jamais, ça pourrait être utile... ou pas!
Je vous ai déjà conté les autres désagréments de ces deux longues années d'entre-deux, au cours desquels on touche enfin le rêve du bout des cuticules sans y accéder encore vraiment, bref, point de radotage annonciateur d'une sénilité précoce, rassurez-vous!
Ma mauvaise foi et mon goût prononcé pour les lamentations m'ont également empêchée de vous dire que, malgré tout, ces deux années à l'école des avocats ont eu quelques bons côtés, le cocktail de rentrée, les plaidoiries, les cours sur les honoraires et la déontologie, et surtout les stages (puisque nous n'étions plus à l'école!) et les cocktails de sortie dont je vous ai vanté les mérites dernièrement!
Ce modeste espace virtuel a donc été créé pour raconter ces quelques mois peu communs, sans manquer (je l'espère!) de respect envers mes compagnons de galère, et dans l'espoir, peut-être utopique, d'aiguiller quelques jeunes pousses égarées!
L'anonymat a cela de confortable qu'il permet de se raconter plus librement, tout en taisant les détails susceptibles d'être reconnus par un camarade ou un maître de stage et de mettre ainsi en péril sa couverture de survie.
J'ai récemment choisi, pour diverses raisons, de lever un bout de la robe en renonçant à l'hermaphrodisme numérique, davantage protecteur, jusqu'alors adopté.
Mais il est vrai que les facultés de droit et la profession d'avocat étant aujourd'hui largement féminisées, cet indice n'était pas crucial, d'autant que la palette graphique de ce blog était assez révélatrice de mon identité chromosomique.
Et que dire du très subtil jeu de mots suggéré par mon pseudo, qui n'était pas des plus sibyllins!
N'y voyez d'ailleurs aucune allusion grivoise à ma vie sentimentale, petites canailles, ni un féminisme exacerbé, mais un simple clin d'oeil à la masculinité dont est empreint ce titre.
Mais voilà qu'aujourd'hui mon schtroumpfnonymat semble menacé, diantre!
Un simple lien posté sur la page FB de l'école me fait craindre que l'on découvre, parce que la curiosité est humaine, qui se cache derrière ce seyant camouflage azur par quelques recoupements, et que mon nom soit jeté en pâture sur la place publique.
Non pas que je doive (enfin il me semble) avoir honte de ces monologues virtuels, mais je ne souhaite toutefois pas en tirer une quelconque publicité, qu'elle soit bonne ou mauvaise.
Merci par avance à celles et ceux qui auraient percé à jour mon anonymat, de me permettre de le conserver!