Une fois le CAPA en poche et les diverses formalités accomplies (Prestation de serment, inscription au Tableau...), rares sont les inconscients intrépides qui se lancent tête baissée dans la création de leur propre cabinet, tant les charges sont lourdes et la clientèle clairsemée... quelle clientèle?
La majorité des jeunes pousses opte donc pour le merveilleux et si convoité statut de collaborateur libéral* :
Le contrat de collaboration n'étant pas un contrat de travail, adieu statut protecteur du salarié lambda :
- pas de convention collective (celle applicable aux personnels d'avocats ne s'appliquant pas à ces derniers),
- pas de procédure de licenciement strictement encadrée
- adieu RTT et 35H!
Enviable n'est-il pas?
Est-ce à dire que le collab' est corvéable à merci? Oui! Si peu!
Le contrat de collaboration, qui n'implique pas de lien de subordination, prévoit tout de même quelques garanties, en cas d'absence due à une maladie, un état de grossesse, ou encore en cas de rupture du contrat (dans ce cas, le délai de prévenance varie en fonction de l'anciennenté: 3 mois pour un collaborateur présent depuis moins de 3 ans, un mois supplémentaire étant ensuite ajouté par année d'ancienneté, sans pouvoir excéder 6 mois).
De la même manière qu'on ne parle pas de délai de préavis pour une collaboration, ce statut implique une rémunération sous forme non pas de salaire mais de rétrocession d'honoraires, dont le seuil minimal varie en fonction des Barreaux, et est réévalué une fois l'an.
Le bien-aimé RIN (Règlement Intérieur National), prévoit en effet en son article 14-3, relatif au contrat de collaboration, que : "L'avocat collaborateur libéral reçoit pendant ses deux premières années d'exercice professionnel une rétrocession dont le montant ne peut pas être inférieur à celui fixé par le Conseil de l'Ordre du Barreau dont il dépend".
Vous pouvez consulter un tableau comparatif des rétrocessions par régions datant de fin 2009 ICI: link
(difficile de dégoter des données actualisées, si un gentil lecteur dispose d'informations plus récentes, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais!)
La rétrocession avoisine aujourd'hui les 3.000€ en région parisienne, et est de 2.400€ à LYON au 1er janvier 2012.
Si ce montant minimal semble de prime abord relativement confortable , surtout après des années de relations chaotiques avec votre banquier, gare à l'atterrisage!
Les charges (environ 30-40%) viendront bientôt sérieusement amputer votre magot!
2 situations s'offiront alors à vous:
- choisir un cabinet "à taille humaine", qui vous versera peu ou prou le montant minimal de la rétro, mais qui vous permettra (en principe) de développer votre clientèle personnelle
- opter pour un "grand" cabinet, à renommée (inter)nationale (type FIDAL, Ernst et Young, CMS Bureau Francis Lefèbvre, Baker & McKenzie, Lamy, Gide, Landwell...), expérience qui viendra embellir votre CV : votre rétrocession sera alors largement supérieure au seuil minimal,
MAIS il vous faudra travailler 8H-20H (si ce n'est plus), dire adieu à votre vie sociale , et vous devrez renoncer, face à la charge de travail, à développer votre propre clientèle dans le but de voler un jour de vos propres ailes : vous serez donc bien corvéable à merci, pour une reconnaissance souvent proche du néant, alors que l'esprit même de la collaboration est que le collaborateur consacre une partie seulement de son temps à l'activité du cabinet.
Si vous pourrez vous vanter de votre rémunération mirobolante auprès de vos camarades de promo moins bien lotis, n'oubliez pas que la trésorerie constituée grâce au développement de la clientèle personnelle leur permettra en principe de faire face aux charges, de sorte qu'au final vous vous verserez le même montant!
Ceux qui souhaitent développer leur clientèle personnelle peuvent par ailleurs solliciter l'ACRE, l'aide à la création ou à la reprise d'entreprise, qui permet de bénéficier de taux d'imposition moins élevés pendant 2 ans.
Ne vous fiez donc pas aux apparences, et gare à la flambe!
* Sauf à opter pour un poste d'avocat salarié.