Trois lettres, a priori anodines, mais qui vont finalement sous-entendre plusieurs mois d'angoisse latente et de stress palpable: P. P. I.
Ou la recherche acharnée d'une offre d'exploitation légalement organisée, plus communément appelée "stage", pour permettre aux futurs avocaillons que nous sommes de découvrir l'environnement dans lequel nous évoluerons une fois le CAPA en poche.
A peine l'élève-avocat aura-t-il eu le temps de digérer le cocktail gracieusment offert le jour de la rentrée que, déjà, une petite idée, omniprésente, obsédante, va insidieusement s'immiscer dans ses pensées, et prendra au fur et à mesure une ampleur exponentielle;
dès lors, cette idée ne le quittera plus, la recherche du stage PPI devenant sa principale préoccupation et l'obnibulera un peu plus chaque jour.
Chaque jour ou presque en effet, immuablement, l'élève-avocat devra répondre à cette question, inquisitrice, de ses futurs confrères: "Tu as déjà trouvé ton PPI?".
Cette interrogation quasi quotidienne et systématique ayant autant pour but de rassurer celui qui la posera en cas de réponse négative que de chercher des pistes de recherche dans des secteurs peut être oubliés s'il s'avère que ce bienheureux a décroché la timbale: un PPI de 6 mois, donc rémunéré.
Et voilà le retour des envois massifs de CV et lettres de motivation envoyés telle une bouteille à la mer, et autres réjouissances tant appréciées des demandeurs d'emploi ou de stage, auxquels pourtant personne ou presque ne daignera répondre. Et cette question qui se fera chaque jour un peu plus insistante dans notre for intérieur, sauf bien entendu pour ceux qui peuvent compter sur le Dieu Piston: "Et si personne ne voulait de moi?"
De courriers en appels téléphoniques, de mails en entretiens, l'élève-avocat naviguera en eaux troubles, entre fausses pistes et espoirs déçus, jusqu'au jour où... LA bonne nouvelle arrive.
Somme toute, peu importe que l'on effectue le PPI en entreprise, en association, chez un notaire, un huissier, un administrateur de biens, un mandataire judiciaire, le service juridique d'une banque ou assurance... la joie d'avoir trouvé un ou plusieurs stages PPI pour la prochaine période de 6 mois et le soulagement subséquent suffiront à notre bonheur, dès lors que l'on pourra acquérir quelques connaissances à mettre en exergue dans le rapport de stage.
Et tout ça pour être défrayé à hauteur de 0 € pour les plus mal lotis devant cumuler plusieurs PPI de moins de 2 mois (ou en collectivités territoriales), ou 12,5% du plafond horaire de la sécurité sociale soit 417,09 € par mois pour le minimum légal si le PPI dure plus de 2 mois, ou davantage pour les plus - rares - chanceux. Et l'on s'estimera heureux dès lors que cela permettra de couvrir en tout ou partie le coût du loyer.
Tout de même un comble après toutes ces années d'études!
D'où l'intérêt d'une réforme rapide de la formation au sein des CRFPA, pour écourter autant que faire se peut cette période de découverte (dont le but est certes louable mais qui confine les élèves-avocats dans une précarité insupportable pendant 6 longs mois), et faire enfin la part belle à l'essentiel: davantage de cours fondamentaux (pertinents!), et surtout un stage en cabinet qui ne soit plus relégué en toute fin de formation.
/fdata%2F4330094%2Favatar-blog-1219083879-tmpphpc1sOyo.jpeg){kind=avatar}